LE MAJESTUEUX
EIDER À DUVET
Ce magnifique canard de mer, peu connu du grand public en raison de sa distribution plutôt nordique et maritime, donc loin des centres urbains et agricoles, est reconnu comme l’un des plus beaux canards à l’échelle de la planète et a fait l’objet de plusieurs études scientifiques au fil des ans.
Un peu d'histoire
Le nom eider provient vient de l'islandais aedhar et le mot «édredon» en français, « eiderdown » en anglais, issu de son duvet, dériverait de oedardun. L’eider à duvet (Somateria mollissima), se retrouve sur les côtes d’Europe (Pays-Bas, Scandinavie, Grande-Bretagne, Russie), d’Islande, du Groenland, de l’est de l’Amérique (du Massachusetts aux îles du haut arctique canadien, y compris le Saint-Laurent, le Labrador et la baie d’Hudson), de l’Alaska, du Kamtchatka et de l’est de Sibérie et sa population globale est estimée à plus de 3 millions d’individus.
Identification
Si la femelle présente un plumage brun, plutôt terne, avec de nombreuses barres foncées, le mâle, en période nuptiale, arbore une livrée noire et blanche éclatante, une calotte noire, une nuque verte et une poitrine légèrement rosée. Le chant du mâle s’apparente alors à un roucoulement sonore : cou – rouuu.
Fréquentation
L’eider à duvet fréquente des régions maritimes à l’année, s’alimentant exclusivement d’organismes marins (mollusques et amphipodes), et ne s’aventure en milieu terrestre que pour la courte période (~1 mois) de nidification. Assez grégaire, il niche souvent en colonie de plusieurs centaines, voire milliers d’individus, presque toujours sur des îles où les prédateurs terrestres sont absents.
Nidification
Comparé aux autres espèces de canards, la femelle eider est la plus attentive à son nid, couvant presque continuellement ses œufs (en moyenne quatre œufs) pendant les quatre semaines d’incubation. Par contre, les mâles quittent la colonie de nidification cinq à sept jours après le début de l’incubation, et se dirigent vers des sites de mues.
Crèches
Les femelles s’occupent seules des canetons, les amenant vers les sites d’alimentation en eaux peu profondes et les protègent des attaques des prédateurs. La façon d’assurer cette surveillance maternelle est particulière chez l’eider : des groupements impressionnants de plusieurs couvées de canetons, des crèches, se constituent sous la surveillance et la protection des mères et d’autres femelles.
La colonie
La colonie de canards eiders de l’Île aux Pommes joue un rôle essentiel pour le maintien des populations de cet oiseau dans l’estuaire du Saint-Laurent et ces eiders n’appartiennent pas aux propriétaires de l’île. Cet environnement demeure fragile, mais une action intelligente de l’homme, doublée de partenariats ciblés et décisifs, contribuent à la conservation de la faune ailée.
Au service de la science
L’île constitue depuis les dernières décennies un laboratoire à ciel ouvert pour l’avancement de la science. L’accès aux scientifiques réalisant des recherches sur la faune aviaire demeurera ouvert. On protège bien ce que l’on connaît et cet aspect demeure une priorité. La colonie d’eiders à duvet de l’Île aux Pommes est suivie annuellement par les spécialistes de la Société Duvetnor Ltée. Les biologistes font, une fois l’an, un inventaire où tous les nids sont localisés par les biologistes et systématiquement dénombrés. Le statut de chaque nid, à savoir s’il est en incubation, en éclosion, éclos, abandonné ou s’il a été détruit par un prédateur est aussi noté. Cet inventaire permet de suivre précisément l’évolution démographique des eiders qui nichent sur l’île.